Au commencement :
A toi qui es conteur, je vais
raconter une histoire. Celle sur
laquelle je chemine en ce moment, car
les histoires sont aussi des chemins.
C’est une belle histoire et donc un beau chemin et parce que ce qui
est beau mérite d’être partagé, je le partage avec toi.
J’imagine que tu aimes les
contes merveilleux et peut-être même en racontes-tu.
J’imagine aussi que, comme
beaucoup d’entre
nous, tu te demandes souvent comment il est
possible que des
cultures éloignées et
coupées les unes des autres
aient développé sur l’ensemble de notre belle planète des
histoires presque identiques.
Tu as sûrement pu
constater que certaines histoires ont un
pouvoir d’enchantement
qui nous met
parfois
dans un
état de grâce au cours duquel
conteurs et auditeurs
semblent suspendus dans
une sorte de rêve commun comme si, tous ensemble, ils étaient
entrés dans un seul et même espace parallèle ou, plus simplement,
dans un présent dense et pleinement habité.
Ne t-il
t’arrive pas parfois
de te sentir habité par une histoire comme si celle-ci était dotée
d’un pouvoir mystérieux agissant sur toi ?
Sans doute
as-tu déjà ressenti en lisant, écoutant ou racontant une histoire,
cette
sensation de « rentrer chez toi », une impression de
« déjà vu », de « déjà vécu », comme si
tu découvrais
quelque chose que tu sais déjà, et comme si alors « ton âme
respirait ».
Tu sais aussi, que parfois
le héros - ou
l’héroïne -
de ces contes entre dans une autre dimension par un trou dans la
terre, un puits ou bien encore le
creux d’un tronc
d’arbre… Tu sais aussi que dans ces contes les quatre règnes
- minéral, végétal,
animal et
humain - sont
reliés
les uns
aux autres
et qu’il est fréquent
d’y entendre un animal ou une plante parler avec un être humain.
Par
ailleurs, la magie est omniprésente dans
ces contes et la
figure de l’être bienveillant ou malveillant l’est
tout autant, apportant lumière, enseignement, aide ou, a contrario,
épreuves et souffrances. Tu sais aussi que le plus souvent, à la
fin, le héros triomphant revient toujours d’où il est
parti, quand bien même il s’est
trouvé complètement
transformé par le cours de son aventure.
Tu
t’es sûrement
longuement interrogé sur
le sens à
donner à tout cela.
Dans l’histoire récente de la compréhension des contes
- mis
à part Bettelheim qui
fut le premier à livrer son interprétation personnelle des contes
au grand public - la
vision jungienne avec
sa psychologie des profondeurs, ses concepts d’archétype et
d’inconscient collectif semble particulièrement
appropriée
au conte.
Mais peut-être as-tu
l’intuition qu’il y a
autre chose encore. Une
porte qui n’a pas été poussée, un royaume dans lequel tu n’es
pas encore entré et c’est cette histoire-là que je voudrais te
raconter.
Sur le chemin, la
rencontre :
De cette histoire, ma modestie
dusse-t-elle en souffrir, je vais être le personnage principal. Donc
un conteur. Un conteur depuis près de 18 ans. Oui, un peu comme sur
ces façades de boutiques, de restaurants ou de garages sur
lesquelles il est écrit « depuis 1998 », comme un gage
de sérieux et de longévité. Donc, un conteur qui aime les contes
merveilleux et qui a vécu maintes fois ce que j’ai évoqué
ci-dessus. Un jour, ce conteur s’est mis à lire des ouvrages sur
le chamanisme. Il trouvait ça beau et inspirant, y retrouvait bien
sûr des motifs de contes, mais il se disait que tout cela
appartenait à d’autres cultures, plus ou moins « premières »
ou «exotiques » et que tout cela, de toutes façons, ne
pouvait concerner que des initiés à la formation particulière et
hors d’atteinte pour un occidental en milieu urbain du 21 ème
siècle.
Et puis, il y eut la
découverte d’un livre de Michael Harner (1),
et puis il y eut cette discussion avec une amie -elle-même déjà
coutumière de ces pratiques- à qui je disais mon intérêt et mon
attirance pour la chose, mais avec les réserves que je viens
d’exprimer. Ce à quoi, elle me répondit goguenarde et
amusée (oui, je sais ; j’ai déjà raconté cette scène
par ailleurs) :
- Tiens tu n’as qu’à lire
ce livre. Tout est expliqué et puis on en reparlera.
C’était un livre
d’initiation pratique au « voyage chamanique » (2).
Je le lus donc et un jour fis ma première tentative de « partir
en voyage chamanique ». C’était, je crois me rappeler, entre
janvier et mars 2014 ; soit il y a trois ans à l’heure où
j’écris ces lignes.
J’étais alors dans une
autre vie, habitait dans une autre ville, avec une autre femme ;
et si je frôle ici des aspects plus intimes, c’est juste pour dire
que parfois, la vie se charge de faire un ménage qui vous récure
jusqu’à l’os et vous oblige alors à changer profondément,
comme une révolution copernicienne. La vie vous oblige aux
métamorphoses quand nous sommes nous-mêmes parfois si soucieux de
notre confort. En tout cas, ce premier « voyage » donc,
je le fis ; et cela changea complètement ma vie. De là
naquirent le Tarot chamanique, une autre vision du monde et de ma
vie, un nouveau métier, de nouvelles expériences, une nouvelle
place dans le monde, et… une nouvelle approche de ma pratique de
conteur. Oui, ce fut un bouleversement complet, profond et
irrémédiable.
Cet enseignement chamanique,
cette expérimentation au quotidien, je les ai appelés « la
Voie du Tambour » parce que, dans cette pratique-là, le
tambour est le messager qui nous permet d’entrer dans « l’autre
monde » et parce que le mot « chamanisme » est un
terme sur lequel peuvent se greffer beaucoup de malentendus, même si
il est très difficile d’en trouver un autre.
Sur la voie du tambour :
Au cours de ces voyages
chamaniques, je découvris donc qu’il est conseillé lors des
premières tentatives de chercher un trou dans la terre ou dans un
arbre ; l’entrée d’une caverne pour « descendre dans
le monde du bas ». Je découvris aussi que tous étions
accompagnés, même sans le savoir, d’un « animal-totem »
ou « animal de pouvoir » ou encore « animal
gardien »; qu’il était possible au cours de ces voyages de
recevoir des enseignements, des réponses et des compréhensions
d’une pertinence et d’une intelligence absolument stupéfiantes ;
que nous pouvions y entrer en contact avec des animaux, des plantes,
des arbres, des pierres, dans la mesure où chaque chose, chaque
être, dispose d’un « esprit » avec lequel il est
possible d’interagir ; qu’il existait aussi un « monde
du haut » et même un « monde du milieu » ; et
que j’étais moi-même le protagoniste complètement impliqué du
« voyage » que je faisais… Que nous ne sommes jamais
complètement identiques en fin de voyage à celui, ou celle que nous
étions au début ! Tout cela en m’accompagnant du son d’un
tambour et en suivant un protocole particulier…
Par-delà l’ébahissement et
l’émerveillement de ce que je vivais, je découvris alors que
beaucoup de contes (surtout les contes dits « merveilleux »)
étaient structurés
exactement comme un voyage chamanique,
celui qui en fait l’expérience étant en quelque sorte comme le
héros en quête, et très vite je m’y sentis comme chez moi. Quand
je dis « je m’y sentis comme chez moi », je veux dire
que j’eus l’impression alors -qui ne s’est pas démentie
depuis- de retrouver quelque chose que je connaissais parfaitement
mais dont j’avais en quelque sorte perdu la clé. Une sorte de
réunification
psychique qui fut
pour moi comme un nouvel élan.
Bien sûr cela ne se fit pas
sans questionnements, voire remise en cause pour le rationnel que je
suis. Il s’en suivit même une période (révolue) où je perdis
même le goût des contes, ceux-ci m’apparaissant alors comme
pauvres en comparaison.
Avant d’aller plus loin,
insistons sur le fait que le terme de chamane peut recouvrir des
pratiques et des fonctions très différentes selon les cultures :
guérisseurs, guides spirituels ; conseillers pour la chasse, la
pêche ou les récoltes ; directeurs de rituels
d’harmonisation ; garants de l’unité de la communauté ;
devins, visionnaires ; dépositaires des mythes et histoires de
la communauté. Ce dernier item renvoyant directement à celle du
conteur…
Par ailleurs, le terme de
« voyage chamanique » mériterait peut-être d’être
plus explicité pour éviter certaines ambiguïtés ou projections.
Les termes de « rêve éveillé » ou de « Rêve
Actif », par exemple, ne sont pas dénués d’intérêt. Ce
qui est certain c’est qu’il existe plusieurs types d’états de
conscience modifiée. Il est d’usage pour ce dont parle ce texte de
parler de « d’état de conscience modifiée ou chamanique ».
C’est une transe légère radicalement différente, par exemple, de
la possession que l’on peut observer dans certaines pratiques
chamaniques sur d’autres continents. Concrètement, cet état de
conscience modifié s’atteint, dans la pratique qui est la mienne,
grâce à la scansion répétitive d’un ou plusieurs tambours, ce
son et cette répétitivité provoquant une modification du
fonctionnement du cerveau.
Enfin, une dernière précision
importante : les pratiques chamaniques ne sont pas des « remèdes
miracles » : en général on y trouve ce que l’on est
prêt à recevoir- et ce que l’on est prêt à aller chercher.
Aussi efficientes, sages et profondes soient-elles, elles ne font pas
à la place de.
Ici, il s’agit d’un enseignement et d’une exploration qui
laissent (et c’est heureux !) un absolu libre-arbitre à celui
qui les pratique. Et si elles ouvrent des pistes (et parfois
déblaient largement !) c’est à celui qui les pratique de
faire le travail qui lui revient pour que les expériences qu’il y
aura vécues et les enseignements qu’il y aura reçus s’incarnent
pleinement dans sa vie. Voilà donc qui est dit ! Revenons donc
à notre réflexion.
Contes et voyage
chamanique : deux branches d’un même arbre
Ce que j’expérimentais
alors est que les contes pourraient être les dépositaires d’un
savoir et d’une expérience très ancienne. Henri Gougaud a maintes
fois postulé –et je l’accompagne dans cette hypothèse- que les
contes pourraient être les traces des premiers voyages chamaniques
de l’humanité. Et quand bien même cette hypothèse mériterait
d’être démontrée (si tant est que ce soit possible), rappelons
que si le chamanisme est la plus ancienne pratique spirituelle
connue (les premières
traces identifiées sont datées de 35 000 ans avant J.C. ! ),
le conte est de toute évidence une des formes d’art la plus
ancienne avec la musique et le chant.
Il est d’usage d’expliquer
dans les ateliers contes que pour bien raconter une histoire, il faut
en quelque sorte plonger dans ses paysages, vivre avec ses
personnages, ressentir les odeurs, les couleurs, le froid, le chaud,
les affects… Et que plus nous en avons une expérience profonde et
disons « incarnée » plus notre récit sera évocateur.
C’est très exactement ce que nous vivons lors d’un voyage
chamanique ! Nous sommes acteurs et spectateurs à la fois d’une
aventure que nous vivons…
Probablement qu’il serait
possible d’imaginer qu’en des temps très anciens, après un
« voyage » ou un rituel, les personnes présentes
demandaient au chamane :
- « Raconte-nous ce que
tu as vu !».
Alors le chamane racontait. Oh
sans doute pas tout bien sûr ! Certaines choses se doivent de
rester cachées ! Mais racontait quand même. Et ces récits
furent repris, par l’un, par l’autre, jusqu’à se figer en des
formes qui ont traversé les siècles et que nous avons appelé
« mythes » ou « contes ». Ce n’est qu’une
hypothèse bien sûr. Mais quand même… Prenez Frau Holle, chez les
frères Grimm (3),
qui « tombe » dans le puits pour arriver dans un autre
monde. C’est exactement le début d’un voyage vers « le
monde du bas ». ! Et je ne parle pas d’Alice au pays des
merveilles… Prenez le conte inuit de la « Femme squelette » ;
c’est très exactement la transcription d’un rituel de guérison
chamanique consistant à démembrer symboliquement une personne pour
ensuite la reconstituer sans les maladies et mauvaises choses qui s’y
étaient installées. Prenons aussi Yggdrasil, l’arbre cosmique
nordique ; il est presque identique à la représentation que
font des indiens d’ Amazonie de leur cosmogonie (4) !
Je pourrais multiplier les exemples à l’infini et sans doute le
ferai-je un jour pour un livre consacré au sujet.
Donc récapitulons :
- Conte merveilleux et voyage
chamanique semblent procéder d’un espace psychique similaire et
pour le moins d’une expérience commune.
- Conte et voyage chamanique
sont deux voies majeures d’entrée en relation avec notre psyché
profonde. Les contes merveilleux sont des scénarios psychiques qui
fonctionnent souvent comme des processus de résolutions de conflits
ou de difficultés intérieures ou relationnelles. Le voyage
chamanique est un chemin d’initiation et d’apprentissage qui
procède de lois similaires.
- Cela implique que si le
conte peut être perçu comme un scénario psychique à but
d’apprentissage et d’expérience, il en est de même pour le
voyage chamanique qui ontologiquement est un enseignement souvent à
but de guérison, voire parfois une initiation spirituelle.
- Leur vision globale du monde
(pas de séparation entre les règnes minéral,
végétal,
animal,
et humain) les rapproche.
- On y trouve en commun le
recours à des « intermédiaires magiques » et à
certaines figures agissantes (vieil homme sage, vieille femme
connaissant des secrets, guides divers, la nature comme lieu
d’initiation, etc…).
- Dans les deux cas un
personnage principal se met en chemin (le héros dans le conte, celui
qui fait le voyage dans le chamanisme) et aucun des deux n’en
revient exactement semblable.
- Conte merveilleux et voyage
chamanique ont en commun la quête d’une harmonie à retrouver avec
son environnement.
Celui désigné comme
« héros » est
celui qui
sait trouver des réponses en s’aidant de ce qu’il rencontre de
façon respectueuse.
- Au cœur de la vision
chamanique, réside la nécessité pour l’être humain de retrouver
sa juste place dans l’univers.
- Tout comme le héros d’un
conte a une mission, tout voyage chamanique doit être effectué avec
une intention précise.
Mais recentrons-nous pour
poser LA question : en quoi : comment et pourquoi la
pratique du voyage chamanique peut-elle enrichir et féconder la
pratique du conteur ?
Sur les raisons et
les façons d’emprunter
ce chemin :
Le retour à la source :
La « voie du tambour »
est un chemin d’accès direct à la psyché profonde. Un des noms
donnés aux pratiques chamaniques est « la voie de la
révélation directe ». On s’y connecte avec le plus souvent
une facilité déconcertante à une de nos parts les plus riches et
fécondes.
Posons
donc que le conte merveilleux procède de la même chose et des mêmes
espaces intérieurs. Alors, le voyage chamanique peut devenir une
voie d’accès directe à l’espace intérieur du conte et du
conteur. Approcher le conte à travers ce prisme opère comme un
retour à la source et procède d’une revitalisation profonde de
celui-ci et de la pratique du conteur !
Par là-même, il est possible
de travailler sur trois axes :
- Remonter à la source du
conte merveilleux et expérimenter directement son essence profonde
(Nous avons commencé à l’aborder dans les parties précédentes
de ce texte).
- Revitaliser la psyché
intime du conteur et donc travailler sur sa qualité d’être et de
présence.
- Expérimenter un art de la
mise en relation tout à fait particulier.
Après la source :
rivières et confluents :
Sur l’établi :
Régulièrement, sur l’établi
du conteur reviennent certains questionnements, dont ceux-ci :
- A partir de quel endroit
intérieur et psychique se situe-t-il pour conter ?
- Par quels moyens se met-il
en cohérence intérieure avec ce qu’il est, ce qu’il raconte et
l’instant présent ?
- Comment laisse-t-il le conte
vivre en lui ? Comment se laisse-t-il habiter par le conte qu’il
raconte ?
- Au-delà des considérations
strictement physiques (contexte, publics, etc…), comment
travaille-t-il l’espace imaginaire de la contée ? Comment, et
où, y place-t-il le public et sa parole ?
Ce sont bien sûr des
questions auxquelles il peut être répondu sans le recours à une
pratique chamanique. Toutefois mon expérience en atteste : le
voyage chamanique est un processus à la pertinence surprenante qui
permet d’apporter des réponses édifiantes. Non pas seulement
édifiantes parce que parfaitement structurées (elles le sont, même
si les symboles et les codes utilisés nécessitent parfois un
décryptage ! ), mais édifiantes parce que –par un processus
mystérieux- elles sont complètement
adaptées à la personnalité profonde du conteur.
Comme si le voyage chamanique
permettait de se connecter à une intelligence particulière plus
réalisée que ce que nous sommes…
De la relation du conteur
avec les contes :
Ainsi, dans ce travail, le
conteur peut explorer son « lieu de conte » ; il
peut aller à la rencontre d’un conte et de son « esprit »,
il peut même lui demander des informations ; il peut (et c’est
un préalable indispensable !) rencontrer son « animal
totem » ; rencontrer son « esprit de conteur »,
et même travailler avec des « présences » qui
l’aideront pendant son travail de conteur (si, si…) En
un mot, par l’expérience du voyage chamanique, il parle le même
langage que les contes qu’il raconte ! Connecté
à sa psyché profonde, son travail de conteur résonnera tout
autrement, et enfin, parce qu’il aura expérimenté que le
conte est un art de la présence qui convoque des présences,
il entretiendra avec son public une relation plus profonde. Il ne
« travaillera » plus des contes, il les laissera
vivre leur présence et se déployer dans l’espace qui est le leur.
Par ailleurs, qui dit
« voyage » dit « quelqu’un qui se met en marche »
et
qui dit « quelqu’un qui se met en marche » dit une
quête ou une aventure. Et qui dit une quête ou une aventure dit une
narration. Ainsi rebouclons-nous la boucle. Le conteur du merveilleux
est dépositaire de récits qui, peut-être (en tout cas, j’aime à
le penser), sont des bribes cristallisées de voyages chamaniques
très anciens. A lui, conteur marchant sur la Voie du tambour,
reviendra la mission de
mettre en narration les expériences qu’il aura vécues en état de
conscience modifiée, faisant alors
circuler de par le
monde de nouveaux récits.
De la présence et de la
relation avec les publics :
Dans la mesure où le conte
est un art qui ne montre presque rien mais évoque presque tout, la
qualité de présence du conteur et la manière avec laquelle il se
laisse habiter par son histoire sont essentielles. Pour cette raison
beaucoup de contes obligent le conteur à travailler son intériorité.
Le voyage chamanique étant aussi
un voyage intérieur il peut donc y contribuer puissamment.
Par ailleurs, pour citer à
nouveau Henri Gougaud, celui-ci formule l’idée que le public
écoute le conteur de l’endroit d’où celui s’installe pour
conter. Étant bien entendu précisé qu’il ne s’agit pas ici
d’un endroit physique mais d’un espace intérieur. Travailler sur
cet « endroit » implique une profonde métamorphose de la
manière avec laquelle le conteur maille la relation avec son public.
En explorant et en s’imprégnant de nouveaux espaces intérieurs
grâce à la Voie du tambour, le conteur peut impulser une dynamique
particulière à cette relation.
L’estuaire :
Trouver son animal totem,
trouver son « esprit de conteur » (et aussi travailler
sur ses ressources vives mais aussi ses empêchements), rencontrer
« l’esprit » de ses contes, trouver son « lieu de
conte », travailler sur sa pleine présence et
une relation vivifiée avec son public,
expérimenter ce qui se passe si il conte et
explore ses contes en
état de conscience modifiée, puis, raconter ce qu’il aura vécu :
c’est ce travail que je me propose de développer et de mettre en
place dans le cadre de stages d’initiation chamanique à
l’intention de conteurs.
Le conteur est un passeur
entre les mondes. Il fait circuler d’oreilles en oreilles et d’âmes
en âmes des récits très anciens qui témoignent d’une reliance
en grande partie perdue avec le monde. Cheminant sur la Voie du
tambour il a la possibilité d’expérimenter et de retrouver cette
reliance, revitalisant par là-même, et sa pratique de conteur et sa
psyché profonde. Resserrant entre ses doigts et tissant de sa parole
« le fil de la merveille » ; celui dont l’écrivaine
et enseignante Christiane Singer disait « qu’il était
peut-être de notre devoir le plus impérieux de ne jamais le
perdre ».
D’un
point de vue pratique :
Ces stages d’initiation au
voyage chamanique à l’intention de conteurs sont prévus sur trois
jours. Ils
s’adressent à des groupes de 6 à 12 personnes et seront animés
par deux personnes : Murielle Lemarié, praticienne et
thérapeute chamanique, et moi-même, conteur et pratiquant sur la
Voie du tambour. Ils
s’adressent à toute personne ayant une pratique de conteur, même
débutante. Il n’est pas nécessaire d’avoir déjà fait un stage
d’initiation chamanique auparavant, l’initiation
étant prévue au cours du stage. Ils
sont à ce jour prévus sur Paris et en Aveyron.
(1) : La Voie du chamane
de Michael Harner – Mama Éditions
(2) : Initiation au
voyage chamanique de Sandra Ingerman – Éditions Vega
(3) : Contes pour les
enfants et la maison – Les frères Grimm – José Corti
(4) : Les arbres entre
visible et invisible de Ernst Zürcher – Actes Sud
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire