jeudi 14 janvier 2016

L'Un bat go ? Non ; lumbago



Bowie est mort (et la photo ci-dessus prise le jour de son anniversaire trois jours avant sa mort semble nous murmurer que certaines personnes peuvent être aussi belles à l'orée du grand passage qu'en leurs vingt ans...). Jean Marie Pelt est mort. Michel Galabru est mort. Lemmy est mort. Les artistes sont comme des amis qui nous accompagnent ; on grandit avec eux, les pensant comme des présences tutélaires rassurantes. Et puis ils prennent le large nous laissant comme orphelins.
J'arrive à un âge où les légendes de mon adolescence encore vivantes se font la malle. Bowie a arrêté la scène à peu près à l'âge que j'ai. Lemmy, euh... pas vraiment ! Galabru a joué presque jusqu'au bout. 69 ans, 70 ans, 90 ans... Loterie joueuse...
Ils sont morts donc, et ma mère -quant à elle, a décidé de perdre sa mémoire et de faire fi de la réalité géographique où elle se trouve. Tu me diras, c'est pratique : admirons cette capacité à se penser ailleurs qu'en une maison de retraite, en s'imaginant parfois vivre encore chez soi. Admirons cette capacité à oublier tous les souvenirs pesants. Et vu qu'elle ne mange pas, j'imagine qu'elle doit se sentir toute légère. Évidemment pour les enfants, appréhender le fantôme qu'elle devient est une autre histoire... Il faut juste garder l'amour...
Ils sont morts, ma mère est en train de jeter sa mémoire dans un grand trou noir, et je sais devoir changer de vie, de métier, de région... Je sais devoir le faire, mais je ne sais pas comment le faire. Du coup, beaucoup de réflexions, d'hésitations, de perplexité devant les chemins à prendre. Un travail en cours, souterrain pour une part. Un jour (le plus tôt possible) tout deviendra clair et alors je saurais. Pour l'instant, ça couve.
Du coup, mon dos n'a pas supporté. Alors, il s'est tendu jusqu'à se bloquer. Cela s'appelle une lombalgie musculaire. Oh ! Il a certes pris pour prétexte quelques heures de jardinage, là-bas dans les terres de l’Émerveillée ; mais personne n'est dupe ! Du coup, arrêt maladie. Immobilisation forcée. Et pour l'instant, pas même la possibilité de travailler de l'intérieur toutes ces choses-là, vu que je suis complètement abruti, d'abord par la douleur, ensuite par les médocs.
Ce matin, j'ai fait la vaisselle et c'était comme une grande victoire sur le monde. Demain, ça ira sans doute encore mieux.
Nos corps nous parlent mais nous ne les entendons pas toujours. On le sait maintenant : corps et esprit ne sont pas séparés, et la conscience survit au cerveau. Le corps pense, à sa manière, mais nous ne l'écoutons pas. Alors il insiste. Nous nous extasions à juste titre sur notre cerveau et reléguons trop souvent le corps aux basses œuvres, alors qu'il est aussi un chef-d’œuvre de cohésion fonctionnelle et énergétique absolument renversant. Nous cherchons la beauté aux confins de l'univers (et elle y est aussi) quand nous habitons un des écosystèmes les plus complexes, merveilleux, parfaits : nous.
Si chacun avait le même infini respect de ce qu'il vénère habituellement pour ce qu'il est vraiment, le monde serait sans doute différent. Non pas tant, « nous » ; égos temporaires obnubilés par nos transes intérieures, mais ce que nous sommes réellement : une conscience parfaite incarnée en un écosystème appelé « corps » absolument fabuleux dans son fonctionnement. Être en vie est une chose parfaitement extraordinaire, même si on a mal au dos. Et comme il semble bien que la conscience va d'une incarnation à une autre, cela promet encore de longs et beaux voyages... (Tu peux douter, mais en fait sur ces questions, on continue de penser la vie, la mort, l'énergie, la matière... comme au 19ème siècle, alors que, même la science, est entrée depuis dans un autre paradigme que l'on n'a pas intégré et qui n'a plus rien à voir. Comme le fait, par exemple que c'est l'énergie qui crée la matière et non l'inverse !).
Sur ce que je dois faire de mes prochaines années, je ne le sais pas encore. Je sais simplement qu'il faudra que la forme que ça prendra honore et serve cette mirifique beauté que représente le fait d'être en vie.
Sur ce, mon dos me rappelant à l'ordre, je retourne m'allonger...

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